« Depuis quarante et des années pas une guerre ; pas une guerre civile ; pas une émeute même ; pas une révolution ; pas un coup d’État. Pas une articulation de relief. À peine un gonflement, à peine un léger pli. Dont d’ailleurs, et pour combler le manque, nous avons voulu faire des montagnes. Mais nous savons très bien que ce n’étaient pas des montagnes. Et nous savions très bien que par contre de véritables bouleversements s’accomplissaient en dessous. »
Péguy, Clio, p. 332
Quelle opportunité ! Nous pouvons vous écrire des newsletters délivrés du soupçon que nous essaierions de vous vendre notre marchandise (nos livres) : puisqu’il est devenu impossible de les acheter nulle part, dans le pays entier.
(C’est que d’habitude, en effet, Pontcerq ayant pour exister besoin de l’argent procuré par les ventes des livres que font les libraires en librairie fait par sa newsletter sa réclame. Pontcerq n’est pas décidée à se laisser emporter. Il s’agit pour elle, comme pour tout le monde, de persévérer dans son être – et dans son cas, on dira même : de persévérer dans son cerq. Partout l’Écluse…)
Voilà donc en vrac et en mises en cerq des nouvelles de nos livres ; ou mieux : de ceux qui y figurent.
1) À commencer par quelques nouvelles de Messaline – que nous trouvons chez Jarry. « Elle avait vingt ans. Elle voulut se tuer elle-même avec son style quand elle aperçut les soldats de Narcisse derrière les arbres mais ils la devancèrent et c’est le tribun de garde qui les commandait qui la transperça de son épée au milieu du jardin de Licinius Lucullus en silence. » (Alfred Jarry, Messaline, Gallimard, Pléiade, II, p. 331) Dans les rues de Rennes nous collons auprès de celle de Claude une tête de Messaline (sous le nom de Valérie Messale, candidate). Il se peut que Claude assez tôt la regretta (cf. Suétone, Cl. 39 ; dans la tapisserie-couverture du livre, c’est en [CXV]). Voir [ici] et [là].
2) Ni (personnage quant à lui de toutes pièces inventé par son auteur) est présent [ici] : les 25 premières pages du livre sont à lire [là] (gaie proposition de l’auteur lui-même, Dominique Meens depuis Oléron.) « À une certaine époque, notre littérature répudiait Shakespeare et admirait Campistron. » (Antoine Albalat)
3) Y a-t-il un autre endroit que sur sa tombe où ce nom soit inscrit dans la pierre ? Qu’une tombe ait pu être faite, cela même n’a pas été sans mal : ce cimetière d’Alt-Mariendorf, sous le soleil de ce printemps, est le seul de Berlin-Ouest qui accepta le corps (transporté depuis Stuttgart, mis en terre le 15 mai).
Berlin-Mariendorf, 10 avril 2020
Des scilles (Blausterne) fleurissent sous les hauts arbres qui filtrent le soleil, dans ce cimetière éloigné (au-delà du canal de Teltow). Pas une grive à chanter, des merles. Le corps inhumé le 15 mai 1976 ne pesait plus bien lourd (quarante, quarante-cinq kilogrammes ?). Corps ouvert en son milieu et recousu (sur 65 centimètres), suite à la première autopsie effectuée vite à l’hôpital de Stuttgart par les professeurs Rauschke et Mallach (NSDAP-Mitgliedsnummer 915 49 86 ; ex-Waffen-SS).
Mais le cerveau fut gardé par les médecins. Quelle fut son histoire ? Rauschke et Mallach l’extraient du crâne le dimanche 9 mai, entre midi et deux heures, à l’autopsie ; le procureur général à Stuttgart ordonne son examen, qu’accomplit Jürgen Peiffer, professeur de neurologie à Tübingen. Le cerveau réapparut au début des années 2000 dans une clinique de Marbourg (en 1997, Peiffer l’aurait cédé à Bernard Boegerts, neurologue de Marbourg, qui voulait en faire un réexamen). Suite à des protestations publiques, il est après vingt-cinq ans rendu à la famille (après réduction en cendres), et enterré là sous la pierre, le 22 décembre 2002.
*
En 1972, avant même l’arrestation de la terroriste, un journal (Bild) avait avancé la thèse que la « Terreur de la nation » était très certainement un « cas pour les psychiatres » (titre du Bild, Springer Verlag, 5 juin 1972) : ce journal révélait qu’en 1962 Ulrike Meinhof avait peu après la naissance de ses deux filles subi une opération chirurgicale au cerveau ; et que c’était depuis cette période que son comportement sinon sa personnalité même, sinon ses idées politiques, avaient changé. Une fois qu’elle fut en prison, d’abord près de Cologne, les psychiatres du Tribunal d’enquête poussèrent aussitôt à l’examen du cerveau (scintigraphie). Le professeur Witter en particulier, parce que la prisonnière refusait catégoriquement l’examen, poussait à une anesthésie de force, qu’à l’été 1973 encore il prétendait possible d’effectuer dans la prison même. Ce n’est que suite à des protestations publiques (Ernst Bloch, Heinrich Böll, Volker Schlöndorff, etc.) qu’on renonça au procédé. Mais une fois la prisonnière trouvée morte dans sa cellule de la prison spéciale de Stuttgart-Stammheim au matin du 9 mai 1976 (« il fut révélé en 1977 qu’un deuxième escalier, non surveillé, avec accès séparé, aboutissait au septième étage, juste à côté de la cellule d’Ulrike Meinhof. », Jutta Ditfurth, Ulrike Meinhof, 2007, p. 437), le cerveau fut gardé par la Justice et la Neurologie. Le corps rendu à la famille, transporté vers Berlin-Ouest et enterré le 15 mai, était un corps sans cerveau. « L’usage des sifflantes – s, ß, tz, z, sch – est absolument insupportable » (UM).
[ Sur Ulrike Meinhof vivante, voir : ici ]
4) Voici par ailleurs – comme c’est presque à Pontcerq devenu une tradition de printemps – une historiette de Hebel. On pourrait s’étonner que Walter Benjamin ait une fois présenté Hebel en « Aufklärer »… Ce qu’il faudrait traduire par : « homme des Lumières ». Mais peut-être comprend-on mieux la chose si l’on traduit autrement ce mot, plus simple et moins abstrait en allemand : en disant par exemple : Aufklärer, « celui qui nous explique, nous éclaire sur deux trois choses simples » ; ou « celui qui dit où regarder », « qui éclaire là où il faut voir » ; en l’occurrence dans la gueule et la panse des taupes – si l’on veut avoir un renseignement un peu fiable. Bref, nous souhaitons à notre tour, avec ce texte sur la taupe (1807), présenter Hebel en Aufklärer, ce que nous avions un peu manqué à faire jusqu’alors. Mais nous n’en avons pas fini avec Hebel…
(Aucune allusion en revanche à une situation animale ou humaine existante. Hebel – levier – ne raconte pas de fable ; et ne boit pas de cette eau.)
LA TAUPE
Parmi tous les animaux qui allaitent leurs petits, la taupe – ou le darbon – est le seul qui ne se mette en quête de sa subsistance que dessous la terre, au fond de couloirs obscurs.
Et avec celle qui va là, ça commence à bien faire, diront certains en songeant à leurs pâtures recouvertes par les taupinées, et dont le sol est mis sens dessus dessous et troué de long en large, où tout ce qui pousse dépérit, en surface, quand la bête sournoise est à brouter les racines, au-dessous.
Eh bien, faisons un peu le procès de ce malfaiteur-là…
Ce qui est vrai, et ne saurait être nié, c’est qu’à cause de ses couloirs souterrains la taupe met de temps à autre le sol sens dessus dessous, lui faisant perdre de sa fermeté.
Ce qui est vrai aussi, c’est que beaucoup de bon terrain fertile peut se trouver recouvert par les amas de terre ainsi expulsée, et alors il est possible que les germes qui sont dessous soient empêchés dans leur croissance, sinon même étouffés. Là-contre, rien de tel qu’un râteau entre des mains travailleuses.
Mais qui a vu ça, je le demande, que la taupe mangeait les racines ? Qui peut l’affirmer ?
Alors on se dit comme ça : là où les racines sont rongées et où les plantes meurent, on trouvera aussi des taupes ; et là où il n’y a pas de taupes, le reste ne se produit pas non plus. Il s’ensuit que c’est la taupe qui en est la cause. – Celui qui dit cela est probablement le même qui a affirmé un jour : quand au printemps les grenouilles se mettent tôt à coasser, alors le feuillage bourgeonne lui aussi de bonne heure. Mais quand les grenouilles ne coassent pas de longtemps, les feuilles ne veulent non plus se montrer. Il s’ensuit que ce sont les grenouilles qui par leur coassement font sortir les feuilles de sur les branches. – Hé ! Voyez un peu comment l’on peut se tromper !
Mais voilà un meilleur avocat de la taupe que je ne suis, un agriculteur chevronné et observateur de la nature ; il dit 1 : « Ce n’est pas la taupe qui mange les racines, mais les mans – ou vers blancs – qui se trouvent sous la terre, et dont sont issus ensuite les hannetons et autre vermine parasite. Mais la taupe mange les vers et nettoie le sol de ces ennemis-là. »
On comprend maintenant que la taupe soit toujours là où l’herbe et les plantes sont malades et dépérissent : c’est parce que les vers y sont, qu’elle poursuit et pourchasse. Alors on voudrait que ce soit elle qui ait fait ce qu’eux ont commis, et pour un bien qu’elle vous veut faire, la voilà gratifiée d’un remerciement du diable…
Voilà bien encore quelque chose, allez-vous dire, qui aura été inventé depuis l’intérieur d’une chambre ou trouvé dans des livres, et par un qui n’a jamais vu de taupe…
Halte-là, camarade ! Celui qui dit cela connaît la taupe mieux que vous tous et que vos meilleurs taupiers, comme vous l’allez voir tout à l’heure. Car vous pouvez mettre à l’épreuve ce qu’il dit de deux différentes façons, et savoir si c’est la vérité.
« Premièrement, en regardant dedans la bouche de la taupe… » Car tous les quadrupèdes ou mammifères que la nature a commandés au rongement du règne végétal n’ont dans chacune des mâchoires, en haut comme en bas, que deux dents incisives au-devant, et aucune canine, mais à la place une trouée jusqu’aux molaires. Tous les prédateurs, par contre, qui attrapent d’autres bêtes et les mangent, ont six ou plus dents pointues au-devant, ensuite des canines des deux côtés, et à l’arrière de celles-ci de nombreuses molaires. Si maintenant vous examinez la denture d’une taupe, vous trouverez qu’elle a à la mâchoire du haut six et à celle du bas huit dents pointues à l’avant, et derrière celles-ci des canines sur les quatre côtés. Il s’ensuit de tout cela : que la taupe n’est pas une bête qui ronge les plantes, mais un petit prédateur qui mange d’autres bêtes.
« Deuxièmement, en ouvrant la panse d’une taupe précédemment tuée, et en lui regardant dans l’intérieur de l’estomac. » Car ce qu’elle mange il faut qu’elle l’ait en l’estomac ; et ce qu’elle a en l’estomac il faut qu’elle l’ait mangé. Or vous ne verrez, si vous voulez en faire l’expérience, ni radicelle ni rien de la sorte en l’estomac de la taupe, mais jamais que dépouilles de mans, lombrics et autre vermine parasite qui vivent dessous la terre.
Qu’en est-il alors ?
Si donc vous pourchassez la taupe avec le dernier zèle et la voulez extirper sans reste, vous vous faites à vous-même le plus grand dommage ; et aux vers blancs rendez le plus grand des services. C’est qu’ils peuvent maintenant dévaster à l’abri du danger vos prés et vos champs, croître et prospérer, et au printemps viendra alors le hanneton, qui vous tondra vos arbres ras comme du fagot à balai, vous apportant ainsi, comme dû, les remerciement et salaire du diable.
Voilà ce qu’il en est !
1. Hebel s’appuie ici sur un article publié en 1802 par Friedrich Schweickert dans Magazin für Baden.
Pour d’autres historiettes de Hebel, voir [ici].
5) (Par exemple au sujet de Claude, encore, dont Sénèque fit une cucurbite blette, une citrouille rouge, un rond potiron…) « Quand le poète satirique parcourt tous les degrés de l’injure, il n’en reste pas aux formes animales, mais entreprend des régressions plus profondes, des carnivores aux herbivores, et finit par déboucher dans un cloaque, sur un fond universel digestif et légumineux. Plus profond que le geste extérieur de l’attaque ou du mouvement de la voracité, il y a le processus intérieur de la digestion, la bêtise aux mouvements péristaltiques. Ce pourquoi le tyran n’est pas seulement à tête de bœuf, mais de poire, de chou ou de pomme de terre. Jamais quelqu’un n’est supérieur ni extérieur à ce dont il profite. » (Deleuze, Différence et répétition, p. 196)
6) Pour nos commentaires sur la situation sanitaire et sur celle du confinement en revanche, suivez-nous sur facebook. Cliquez [ici].
(Si ça ne marche pas, cliquez plus fort)
7) Walter Benjamin et Franz Hessel traduisent Proust comme suit ; parce qu’après tout on pourrait aussi le traduire autrement. A titre de comparaison linguistique : « Und abends sassen sie nicht im Hotel, wo die Elektrizität im Speisesaal Lichtfluten aufsteigen liess. Der wurde dann ein wunderbares Riesenaquarium, und vor seiner Glaswand versammelte sich, im Schatten unsichtbar, die Arbeitervölkerung von Balbec, Fischer und Kleinbürgerfamilien, und sah, an die Scheiben gedrückt, das luxuriöse Leben derer da drinnen auf sanft kräusenlden Wellen von Gold gewiegt; das war für die Armen ein si ungewögnlicher Anblick wie seltsame Fische und Mollusken (eine große soziale Frage: ob die Glaswand immer das Festmahl der wunderlichen Tiere schültzen wird oder ob eines Tages die dunklen Gestalten der gierigen Zuschauer draußen in der Nacht kommen werden, sie aus ihrem Aquarium zu fischen und zu verpeisen). » (Benjamin/Hessel, Im Schatten der jungen Mädchen, in Gesammelten Schriften, Supplement II, Suhrkamp, Francfort-sur-le-Main, 1987, p. 243-254) : « Et le soir ils ne dînaient pas à l’hôtel où, les sources électriques faisant sourdre à flots la lumière dans la grande salle à manger, celle-ci devenait comme un immense et merveilleux aquarium devant la paroi de verre duquel la population ouvrière de Balbec, les pêcheurs et aussi les familles de petits bourgeois, invisibles dans l’ombre, s’écrasaient au vitrage pour apercevoir, lentement balancée dans les remous d’or, la vie luxueuse de ces gens, aussi extraordinaire pour les pauvres que celle de poissons et de mollusques étranges (une grande question sociale, de savoir si la paroi de verre protégera toujours le festin des bêtes merveilleuses et si les gens obscurs qui regardent avidement dans la nuit ne viendront pas les cueillir dans leur aquarium et les manger). »
8) Voilà longtemps que nous n’avions reparlé de la Lettre à Paul Hutin [ voir ici ] – et de la fondation d’Ouest-France en 1944 par le « libérateur ». La lecture d’un article de Ouest-France en février dernier sur le réchauffement climatique (sur quoi d’autre écrivait-on alors ?) nous y ramène. « On peut remarquer que, dans le domaine littéraire, artistique et philosophique, arriver après une bataille qui a été gagnée par d’autres sans leur aide et quelquefois directement contre eux, et essayer néanmoins de se faire attribuer une part des lauriers, est aussi une spécialité des journaux. Le phénomène de l’amnésie a pour conséquence que, quand ils se mobilisent tardivement pour une cause qui, au moment où ils consentent enfin à s’y intéresser, n’a plus besoin d’être défendue, ils réussissent aisément à se convaincre et à convaincre leur lecteur qu’ils l’ont toujours soutenue et qu’elle a triomphé grâce à eux. » (Jacques Bouveresse, Schmock ou le triomphe du journalisme. La grande bataille de Karl Kraus, Seuil, 2001, p. 216) « Mais les guerriers de la presse, qui ont déchaîné l’hystérie belliciste [de 1914 à 1918], entretenu pendant toutes ces années la ferveur cocardière et menti de façon systématique sur la réalité effroyable de la guerre, savaient que rien de ce qui peut arriver aux chefs militaires ou aux responsables politiques ne risquaient de leur arriver à eux. La guerre à peine finie, ils avaient déjà oublié et pouvaient se retrouver, en toute bonne conscience, au premier rang des pacifistes fervents. » (p. 77)
9) « Remarque sur la bévue à l’occasion de la sortie d’un Bach » [ Pontcerq, mars 2020 ] [ voir ici ]
Louis Althusser explique quelque part qu’il y a une manière un peu courte, et pourtant répandue, d’envisager ce que c’est que de « ne pas voir » ce qu’on devrait voir et même, puisqu’on l’a exactement sous les yeux, devrait voir très distinctement. Cette manière courte d’envisager la « bévue » consiste à la dire produite par des distractions, par des absences, de qui observe. Par exemple, de Smith ou de Dupont, qui n’a pas vu telle ou telle chose on dira : « Il n’a pas vu ce qu’il avait pourtant sous les yeux, il n’a pas saisi ce qu’il avait pourtant sous la main. » (Lire le Capital, PUF, p. 10) On ramène la bévue, aussi grosse soit-elle (comme est grosse la bévue de ce Smith, de ce Dupont) à une « défaillance psychologique du « voir » » (ibid., p. 11). Althusser estime qu’on ne peut s’en tirer à si bon compte : car « ce que Smith n’a pas vu était bel et bien visible, et c’est parce qu’il était visible, que Smith a pu ne pas le voir » ; et qu’un autre le verra. Alors, « nous sommes au rouet », dit Althusser : nous voilà « retombés dans le mythe spéculaire de la connaissance comme vision d’un objet donné, ou lecture d’un texte établi, qui ne sont jamais que la transparence même, – tout le pêché d’aveuglement, comme toute la vertu de la clairvoyance appartenant de plein droit au voir, – à l’œil de l’homme » (p. 11). Et là-contre Althusser envisage une autre manière de penser le « ne pas voir », le « mal voir », la « bévue » : une manière où « la bévue porte non plus sur l’objet, mais sur la vue même ». Et « le ne pas voir est alors intérieur au voir, il est une forme du voir, donc dans un rapport nécessaire avec le voir » ; « Comprendre cette identité nécessaire et paradoxale du non-voir et du voir dans le voir même, c’est très exactement poser notre problème (celui de la relation nécessaire qui unit le visible et l’invisible) » (p. 14). Et c’est comprendre que l’invisible est d’abord « l’oeil aveuglé » de la théorie même, quand celle-ci « traverse sans les voir ses non-objets, ses non-problèmes, pour ne pas les regarder. » (p. 20) / « Ce qui est donc en balance dans cet événement instable d’apparence locale, c’est une possible révolution de l’ancienne problématique dans sa totalité. » (p. 19)
*
« Et si plusieurs s’en vont qui devraient demeurer. Mais ce ne serait pas la première fois, dit-elle, qu’un éditeur tomberait sous le coup de ses textes. Autrement le métier d’éditeur ne serait pas tenable. Et il n’est déjà pas devenu si alimentaire. » (Péguy, Clio, p. 221)
Un beau printemps à toutes et tous, très amicalement depuis Rennes et Berlin.
Meilleures pensées à ceux et celles pour qui le confinement fait une vie difficile, au quotidien. Il n’est pas vrai que les livres soient de toute première nécessité : mais le soleil, mais la scille et le vent (die Lüftchen des Himmels) ! Sortez (un peu) (et bientôt vraiment…) !
PONTCERQ
Le 21 avril 2020
PS.
Quand enfin la fenêtre de la cellule put être ouverte un peu (après isolement total, y compris acoustique), Ulrike Meinhof entendit la grive musicienne (Singdrossel). Ce qu’elle écrivit à ses enfants aussitôt (novembre 1972). Rosa Luxembourg, au printemps 1917, avait en prison, à sa fenêtre barrée, la visite pareille d’une mésange bleue (Blaumeise). Elle écrit à Sonia Liebknecht (Soniouchka), le 23 mai : « Zizi bä – Zizi bä – Zizi bä… »