De la faibleese 01
De Monsieur Rey, pédagogue.
Pontcerq
60 pages 13 x 20 cm
ISBN 978-2-919648-36-8
Parution : 19 juin 2023 - disponible
Prix : 0 €

Recension :

Vincent Gibelin, « De Monsieur Rey, pédagogue », L’Anticapitaliste, 29 juin 2023. [Lire l’article]

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« Je vous ai dit à la fin de ma dernière lettre, que ce bon Père jésuite m’avait promis de m’apprendre de quelle sorte les casuistes accordent les contrariétés qui se rencontrent entre leurs opinions et les décisions des Papes, des Conciles et de l’Écriture. Il m’en a instruit, en effet, dans ma seconde visite, dont voici le récit. »

Pascal, Provinciales

 

« Escobar n’a pas été, comme on voudrait nous le faire croire, une sorte de bouc émissaire chargé par les jansénistes de tous les péchés des Jésuites ; on lui a simplement fait l’honneur de le considérer comme le représentant autorisé de la Théologie morale telle que la comprenaient ses innombrables confrères. Molina et lui sont peut-être les seuls jésuites dont les lecteurs des Provinciales retiennent encore aujourd’hui les noms. »

Augustin Gazier, Blaise Pascal et Antoine Escobar, Honoré et Édouard Champion, 1912, p. 10.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pontcerq, De Monsieur Rey, pédagogue ou À quoi servent les sciences de l’éducation aujourd’hui ?, Rennes, 2023. 60 pages. Prix : 0 euro. ISBN : 978-2-919648-36-8. Ce livre n’est pas vendu. Il est distribué gratuitement en son format électronique : il est à récupérer en cliquant [ici].

 

Quatrième de couverture :

« La notion de compétence est apparue à partir des années 1970-80 dans les domaines de la formation professionnelle et du travail pour répondre à la fois à des mutations du système productif et à des besoins d’évolution des pratiques managériales. […] Elle s’est progressivement imposée au cours des décennies suivantes pour devenir le concept de référence en matière de gestion des ressources humaines en entreprise, mais aussi en matière d’éducation et de formation. Plusieurs facteurs convergent pour expliquer ce phénomène. » (Even Loarer, lors d’un colloque consacré à la notion de compétence, en 2014)

Ce petit essai, De Monsieur Rey, pédagogue, explore l’un de ces « facteurs », à savoir : le rôle de légitimation qu’ont été amenés à jouer, volontairement ou non, consciemment ou non, des « scientifiques de l’éducation », des docteurs en « sciences de l’éducation », des « pédagogues ». Il le fait en analysant attentivement les écrits d’un représentant de ces sciences, sur cette question de la compétence réputé l’un des plus sérieux et des plus circonspects, l’un des plus critiques : Monsieur Rey.

Pontcerq

 

 

*************************** TEXTE DIT « TAPISSERIE D’ESCOBAR » [EXTRAITS] ***************************

« Escobar n’a pas été, comme on voudrait nous le faire croire, une sorte de bouc émissaire chargé par les jansénistes de tous les péchés des Jésuites ; on lui a simplement fait l’honneur de le considérer comme le représentant autorisé de la Théologie morale telle que la comprenaient ses innombrables confrères. Molina et lui sont peut-être les seuls jésuites dont les lecteurs des Provinciales retiennent encore aujourd’hui les noms. » (p. 10*) / « Escobar est […] un compilateur émérite ; c’est un casuiste venu après tous les autres, et il a enregistré, contrôlé, discuté, ratifié le plus souvent les décisions dogmatiques de vingt-quatre de ses plus illustres confrères. » (p. 9) / « Ses lecteurs n’auraient jamais eu la patience de lire, l’une après l’autre, des citations tirées de tant d’illustres inconnus. Escobar s’est chargé d’analyser tous ces auteurs ; il les a transcrits avec tout le soin dont il était capable […]. » (p. 9-10) / « Jésuite au meilleur sens de ce mot, nul ne l’a été plus que le R. P. Escobar. » (p. 42) / « Le jésuite Alegambe a dit de lui qu’il était un prédicateur remarquable, qu’il dirigeait avec succès des congrégations ecclésiastiques séculières, qu’il se livrait à un travail acharné, qu’il visitait les prisons et les hôpitaux, qu’il était enfin très dur pour lui-même, et qu’il observa rigoureusement la loi du jeûne jusqu’à l’âge de quatre-vingts ans révolus. » (p. 25) / « … car nous savons par le témoignage de sa nièce et de sa sœur qu[e] [Pascal] a lu deux fois Escobar tout entier » (p. 28) / « Alors même que les jésuites traitaient comme l’on sait le “Secrétaire du Port-Royal”, l’appelant comme il le dit au commencement de la douzième Lettre, “impie, bouffon, ignorant, farceur, imposteur, calomniateur, fourbe, hérétique, calviniste déguisé, disciple de Du Moulin, possédé d’une légion de diables, etc.”, Pascal ne s’est jamais permis le moindre mot qui pût porter atteinte à l’honneur du vieillard de Valladolid. » (p. 25) / « Un simple coup d’œil jeté rapidement sur le livre d’Escobar fait voir avec la dernière évidence que son auteur est l’homme le moins personnel, le moins indépendant qu’on puisse imaginer. » (p. 45) / « Si par hasard il lui arrive d’avoir un semblant d’opinion, il se hâte de déclarer que tel ou tel de ses illustres devanciers est de cet avis-là, et il proteste de son profond respect et pour les théories et pour les opinions de sa compagnie. » (p. 46) / « Escobar […] dit en effet à la fin de cette préface, qui est en bien mauvais latin : “Que si je semblais m’attacher à des opinions un peu relâchées – laxioribus –, ce n’est pas que j’exprime mes sentiments personnels ; mais j’expose ce que des hommes doctes pourront, sans léser leur conscience, – sine conscientiae laesione, introduire dans la pratique, quand ils le jugeront bon pour tranquilliser les pénitents – ad sedandos poenitentium animos.” » (p. 54) / « Escobar n’invente rien, mais il n’omet rien […]. La Théologie morale d’Escobar n’est qu’un écho retentissant et fidèle des doctrines morales propagées par la Société de Jésus entre les années 1626 et 1657. » (p. 52) / « Mais ses confrères, les vingt-quatre vieillards dont il se vantait d’avoir résumé les doctrines et reproduit les décisions avec une fidélité scrupuleuse, ses supérieurs, le général de la Compagnie de Jésus enfin, que pensèrent-ils, que dirent-ils, que firent-ils lorsque les subtilités d’Escobar furent l’objet de la risée générale, lorsque ses doctrines jugées subversives soulevèrent l’indignation publique et mirent la Société tout entière en si fâcheuse posture ? Ils avaient vu le probabilisme, cette doctrine qui leur était si chère, s’infiltrer peu à peu à la faveur d’un simple manuel des confesseurs dont la diffusion ne faisait pas scandale ; le nombre des pécheurs qui se laissaient mettre des coussins sous les coudes augmentait d’année en année ; la sphère d’influence de la Société de Jésus s’étendait d’une manière merveilleuse ; et voilà que tout à coup, sous couleur de s’attaquer au seul Escobar, un pamphlétaire […] les dénonçait comme des empoisonneurs publics […]. » (p. 55-56) / « Et comment parer un coup si terrible ? Il n’en était pas de la Théologie morale d’Escobar comme des fameux Monita secreta dont l’authenticité n’a jamais pu être établie ; le livre était signé, contresigné par des approbations variées, muni enfin de toutes les permissions et autorisations possibles ; il n’y avait pas moyen de nier l’évidence. Soutenir la parfaite innocuité des doctrines incriminées, et dire que le porte-parole des Jésuites avait eu raison de remuer la fange des casuistes et de pallier les plus grands crimes, on y songea d’abord ; mais il fallut renoncer à ce moyen de défense en présence du flot montant de l’indignation générale. » (p. 56) / « Les curés de Rouen, qui n’étaient nullement jansénistes, avaient lu avec colère les Provinciales dirigées contre Escobar et contre la morale relâchée. […] Ils vérifièrent donc soigneusement les citations ; ils les trouvèrent exactes ; ils virent en outre dans les ouvrages visés une foule de propositions encore plus scandaleuses […]. » (p. 57) / « On n’essaya pas non plus de dire que le bonhomme Escobar était un niais, et qu’il n’avait rien compris aux explications données par ses confrères, la ruse eût été par trop grossière. Que faire donc ? » (p. 57) […] [INTERRUPTION DANS LA TAPISSERIE] […] « Ternir ainsi l’honneur d’un ordre religieux, c’est un véritable forfait, et la Théologie morale d’Escobar (Traité I, Examen VII, n° 46) le juge très grave : “rien, que la mort, n’est capable de l’expier”. » (p. 71) / « Durant vingt ans et plus, Escobar avait décidé les cas de conscience d’après ses illustres confrères, et jamais on ne l’avait trouvé ridicule ou odieux ; pourquoi s’en prendre à lui qui n’avait rien inventé ? Que ne s’en prenait-on à ceux dont il repoussait les théories avec une fidélité scrupuleuse ? Il n’y a que ce moyen de justifier Escobar ; ce malheureux n’est pas responsable du mal affreux qu’il a fait et qu’il fait encore. On peut le plaindre, on ne doit pas le considérer comme criminel ; ce n’est pas lui qu’il faut maudire, c’est la discipline de fer à laquelle on l’a soumis dès son jeune âge, c’est le régime par trop déprimant qui a détraqué sa cervelle. Ce sont les fameuses Constitutions des Jésuites qui l’ont fait ce qu’il a été, un homme incapable d’avoir une idée à lui, un admirateur béat de tout ce que disent et ses supérieurs et même ses moindres confrères, un compilateur peu intelligent qui copie ou résume tout ce qui lui tombe sous la main. » (p. 75) / « D’ailleurs l’exemplaire que Pascal dit lui avoir envoyé en 1656 ne lui est pas parvenu ; un témoignage contemporain, signalé naguère par un de nos jeunes collègues, établit nettement qu’en 1659, trois ans après les attaques de Pascal, un an après la levée des boucliers des curés de Paris et du clergé français, Escobar ne connaissait pas les Provinciales. » (p. 53)

* Source de la Tapisserie d’Escobar : Augustin Gazier, Blaise Pascal et Antoine Escobar, Paris, Honoré et Édouard Champion, 1912.

****************************** FIN DU TEXTE DIT « TAPISSERIE D’ESCOBAR » ******************************

 

 Escobar_par_FrançoisCars_Lyon-Arnaud-Borde-1669