1) Walter Benjamin nommait Hebel « un général du repli », imaginant qu’existaient des généraux formés non pas à l’attaque, mais au recul en période de débâcle. Ce n’est pas pour rien, sans doute, qu’au premier Noël de l’exil (en décembre 1933) ce soit Hebel qu’il recommande aux Allemands, dans les pages d’un journal pragois…
Studio de la Südwestdeutscher Rundfunk [Radio du Sud-Ouest allemand], à Francfort-sur-le-Main. Walter Benjamin y lut son « Hebel » pour les auditeurs le 20 octobre 1929, entre 18 heures et 18 heures 20.
Et ce n’est pas tous les jours, comme on sait, qu’est offert de découvrir – après un temps très long – un nouveau grand écrivain allemand du passé ! Le 17 janvier 2025 paraîtra chez Pontcerq le premier livre en français sur Johann Peter Hebel, écrivain allemand :
Hebel – Le Levier, par Frédéric Metz [116 pages / 11,50 euros]
Suivi de « Hebel et Kafka », par Elias Canetti (inédit en français).
Et parce qu’en attendant, le Hebel-Kolportage continue, nous faisons passer par cette newsletter, en douce avant Noël, deux historiettes nouvelles (qu’il faut aller chercher en cliquant [là], vite avant qu’on les retire !).
2) Rubrique continuée. « Au sujet du dépassement contemporain de l’opposition nature/culture et des conséquences de celui-ci ». Épisode 2/X : LES PARADOXES DU NORMAL NATUREL, D’APRÈS G. CANGUILHEM.
« Comme l’écrit un physiologiste, M. Bacq : “La paix, la paresse, l’indifférence psychique sont des atouts sérieux pour le maintien d’une physiologie normale” (Principes de physiopathologie et de thérapeutique générales, Masson, 1963, p. 232) Mais peut-être la physiologie humaine est-elle toujours plus ou moins physiologie appliquée, physiologie du travail, du sport, du loisir, de la vie en altitude, etc., c’est-à-dire étude biologique de l’homme dans des situations culturelles génératrices d’agressions variées. » (Georges Canguilhem, Le Normal et le pathologique, PUF, coll. Quadrige, 1966 [1ère éd. 1943], p. 204-205) / « Si par physiologie on entend la science des fonctions de l’homme normal, il faut reconnaître que cette science repose sur ce postulat que l’homme normal c’est l’homme de la nature. » (ibid., p. 204)
Il semble que Philippe Descola lui-même, très certainement conscient de ce qu’impliquerait au sens strict un dépassement de la distinction nature/culture, préfère désormais parler plus prudemment en public d’un dépassement de la distinction entre « le monde de la nature et le monde de la société * ». Mais a-t-il pris la précaution de prévenir les autres (les journalistes, les compagnons militants, etc.) ? Car ceux-ci au contraire continuent de dire par exemple, et de relayer comme un slogan : « bannir » ou « défaire la distinction nature/culture * »… Qui sinon Philippe Descola pourrait les avertir ?
[*https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/de-cause-a-effets-le-magazine-de-l-environnement/la-nature-l-avenir-de-l-humanite-6274539, respectivement en 7min23 et 11min25]
3) Depuis début novembre Pontcerq colle sur murs dans Rennes où elle est née des phrases prises à Annie Le Brun – en particulier à son « Lâchez tout » de 1977. Ceci à la mémoire de l’écrivaine disparue sans prévenir cette année – au milieu de l’été.
N. B. « Lâchez tout » s’en prenait à certaines franges du féminisme de son temps et certaines franges du féminisme de notre temps pourront ou non s’y reconnaître partiellement, aujourd’hui.
Voir [ici].
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Quasi aliud agendo…
Pontcerq,
Rennes, 16 décembre 2024